Olivier Mignon a 21 ans et est Namurois. Il exerce un sport fort peu connu : le bloc. Il s’agit de grimper la plupart du temps sur des rochers, qui ne se situent pas très hauts par rapport au sol, sans être assuré, si ce n’est par un « matelas » (crash-pad). Cette année, il a réussi de belles performances en réalisant deux 8 b + (un des degrés de difficulté les plus élevés), ce qui le situe tout près du 1er mondial qui en a réalisé un peu moins de dix cette saison.

En plus, il a remporté dernièrement le championnat de Belgique.« J’ai été champion national en salle par chance, réplique-t-il modestement. Je n’étais pas en forme parce que j’avais mal dormi pendant la semaine. J’ai gagné au dernier moment de la compétition : le premier au classement a raté l’enchaînement du dernier bloc et j’en ai profité, je n’allais pas laisser passer l’occasion.Grâce à cette victoire, j’ai maintenant la possibilité de participer à la coupe du monde l’année prochaine. Mais cela coûte assez cher et, sans sponsor, je ne pourrais y concourir… »

Cette passion pour l’escalade, Olivier Mignon la tient depuis qu’il est tout petit. Mais avant de « bloquer », il a commencé par grimper des voies. « J’ai commencé en 2001, quand j’avais 11 ans. Mon beau-père voulait que je fasse un sport pour canaliser mon énergie car j’étais fort nerveux. J’ai choisi cette discipline, car à l’âge de 5-6 ans, j’ai participé à un stage d’escalade près de chez moi et ça m’avait bien plu. J’ai commencé par les voies. J’étais naturellement attiré par la hauteur. »
« Ça me permet de voyager »

C’est d’ailleurs après une chute sur une voie – qui ne lui permettait plus de s’exprimer comme il le souhaitait – qu’il est passé au bloc. « En 2008, je me suis mis au bloc quand j’ai regardé des championnats à la télé. J’en ai fait en Suisse, à l’extérieur, pour la première fois et j’ai tout de suite accroché. En plus de cela, le bloc correspond plus à ma mentalité, car c’est un effort court et tout en intensité, contrairement aux voies qui se déroulent sur la longueur. Maintenant, j’ai tout à fait laissé tomber les voies, à cause d’une chute en extérieur. Je n’étais plus à l’aise, je ne vois pas l’intérêt de continuer un sport si je dois me forcer à le pratiquer. »

Ce qu’apprécie également le Namurois dans la pratique du bloc, c’est son exigence d’implication et sa convivialité. « Ce que j’aime dans le bloc, c’est la recherche du mouvement le plus difficile. Cela m’a déjà pris une semaine pour pouvoir en terminer un. Ça demande beaucoup d’investissement. C’est un sport très varié, il y a beaucoup d’endroits pour grimper. Le bloc me permet qui plus est de voyager et de voir des paysages magnifiques. L’année prochaine, j’espère pouvoir partir en Afrique du Sud pour m’amuser et découvrir le pays.Aussi, dans ce sport, les gens sont très ouverts. J’ai un contact avec eux que je ne retrouve que dans le bloc. En plus de grimper avec des personnes, on apprend à les connaître. J’ai des amis étrangers que j’ai rencontrés sur le terrain. Cela me permet de connaître d’autres cultures et de voir comment ce sport est pratiqué dans d’autres pays. »
Quant aux entraînements, le bloqueur ne se prend pas la tête et préfère exercer sa passion quand il le veut réellement : « Je ne m’entraîne que deux ou trois fois par semaine, aussi bien en salle qu’en extérieur. Si je n’en ai pas envie, je ne grimpe pas. Et pour le moment, ça fonctionne très bien comme ça. Je n’en perds pas pour autant mon niveau. Et j’ai envie que cela reste un plaisir. Je ne me mets pas la pression. Si je ne suis pas en forme, je me dis que ça ira mieux la prochaine fois. Cela me permet de garder la tête sur les épaules. »

On le sent : les objectifs d’Olivier Mignon sont concrets. Le Namurois ne manque pas d’ambition. « J’ai l’intention de réaliser un 8 c l’été prochain, ce qui serait une très belle performance et de participer à la coupe du monde, que ce soit l’année prochaine ou plus tard. Et, surtout, j’ai envie de continuer à apprécier le bloc. Je ne vois pas l’intérêt de continuer à grimper sans passion. »¦ A.T.